Comme dans beaucoup de pays ex-soviétiques, écrire l’histoire est encore une source de conflit politique sur fond mémoriel, y compris en Moldavie. Ce contexte difficile suppose le recours aux sources comme facteur d’impartialité. Toutefois, le tableau se ternit si le document participe également aux divergences d’opinions qui confondent le présent et le passé. L’histoire du communisme est marquée par la volonté du Parti de contrôler la diffusion de l’information sur le long terme. Ainsi, la Moldavie hérite des archives bessarabiennes, foyer du particularisme du communisme roumain et soviétique dans l’entre-deux-guerres. Comme il est de coutume dans les pays ayant eu un passé communiste, la période suivant 1989-1991 est représentative d’un changement lent et complexe. Ainsi, les Archives du Parti de la RSSM deviennent les Archives des organisations sociopolitiques de la république de Moldavie (AOSPRM), à l’image presque identique des archives russes RGASPI. Pour les historiens qui travaillent sur le communisme roumain ou sur le communisme transnational, il est compliqué de travailler sur ce type de document pour de multiples raisons : l’accès aux archives reste compliqué (bien que situés en centre-ville de la capitale, les locaux gardent plusieurs marques de l’héritage soviétique, ce qui complique la consultation, particulièrement pour les visiteurs étrangers) et les fonds sont difficiles d’accès du fait de la formulation bureaucratique des demandes. Qui plus est, les fonds conservent l’inventaire communiste des documents, fruit de la politique idéologique de la période stalinienne.