Pour réfléchir aux moyens de proposer une nouvelle lecture de l’œuvre de Sorana Gurian (1913-1956), une écrivaine juive d’expression française et roumaine, seront mentionnés dans cet article certains de ses quarante-et-un textes inédits, dont trente-sept poèmes et quatre textes en prose, conservés sous forme de manuscrits ou de tapuscrits. Ces documents n’ont jamais été commentés, ni même mentionnés, dans les recherches sur cette écrivaine jusqu’en décembre 2020. L’exploitation de ce matériau replacé dans le contexte de l’ensemble des écrits de Gurian permet, selon moi, d’enrichir l’interprétation de ses textes principaux : ses esquisses et essais littéraires, pour lesquels je vais utiliser le terme d’« avant-texte », donnent un accès direct au processus créatif, car on y retrouve des éléments qu’elle inclura par la suite dans ses textes publiés. Ainsi, je vais présenter son œuvre littéraire de manière rétrograde, c’est-à-dire par l’intermédiaire des manuscrits et tapuscrits, pour établir l’importance considérable de quelques-uns de ces textes inédits malgré leur caractère secondaire ou officieux, lié à leur statut de brouillon.