Entre ces deux romans s’opère un mouvement finalement très proustien : mouvement du doute généralisé, de la crise angoissante suscitée par la dissolution de l’« l’identité » et des certitudes, annonciatrice de l’apocalypse dans Un roman naturel, vers l’acceptation mélancolique mais sereine de cette crise, placée sous le signe de l’empathie dans Physique de la mélancolie. Au constat angoissant du « nous sommes je » succède la réponse : « je sommes nous ». Je suis l’humanité tout entière. Mouvement proustien de quête douloureuse qui s’achève sur des épiphanies lumineuses et ouvre des pistes de réflexion intéressantes pour renouveler notre approche et notre regard à la fois du postmoderne en littérature et des « écritures du moi ». Comment rendre compte du doute, « intrinsèquement lié au métissage 31 », de la mobilité, de la labilité de « l’identité » d’aujourd’hui, sinon par le postmoderne, écriture métisse par excellence ?