La notion de « culte du moi » étant moderne, il semble quasi impensable de relever des indices de réflexivité dans la littérature russe médiévale. Pourtant, nous y percevons un effort d’introspection dans de nombreux textes, tels L’Instruction de Vladimir Monomaque (Poučenie Vladimira Monomaxa), la Supplique de Daniil le Reclus (Molenie Daniila Zatočnika), la correspondance entre Ivan le Terrible et Andrej Kurbskij, l’Hagiographie de l’archiprêtre Avvakum écrite par lui‑même (Žitie protopopa Avvakuma, im samim napisannoe). Ainsi, nous nous attacherons à montrer comment, dans le cadre des relations avec le pouvoir – étatique ou religieux –, les formes et les enjeux de l’auto-présentation et de l’auto-analyse se profilent à cette époque initiale du développement de la littérature russe.