"In our twenty-first century globalized, multinational and diasporic world, how can we explain the continuing appeal, not only, of the single-nation/single-ethnicity focus of literary histories, but also, of its familiar teleological model, deployed even by those writings the new literary histories, based on race, gender, sexual choice, or any number of other identitarian categories?" s'interrogeait en 2002 Linda Hutcheon dans un ouvrage consacré à « repenser l'histoire littéraire ». Ces questions se posent toujours, plus de quinze ans plus tard, et il nous a semblé très stimulant de réunir dans un volume des recherches portant sur l'histoire d'espaces littéraires très différents par l'espace-temps qui les caractérise, leur histoire, leur accession à un État-nation, leurs institutions, leur proximité ou leur éloignement avec ce que Pascale Casanova appelle le « méridien littéraire de Greenwich » (pour faire vite, New York, Londres, Berlin, Paris), l'héritage d'empires divers, etc. Ce qui rassemble les chercheurs qui ont accepté d'apporter leur contribution au débat, c'est la volonté de questionner l'historiographie littéraire telle qu'elle s'est pratiquée et se pratique encore dans ces espaces, proposer une autre écriture susceptible de susciter d'autres conceptions, d'autres visions, d'autres aspects. Leur réflexion est étayée par toutes celles qui ont vu le jour depuis les années 1990, à la fois en France, dans le monde anglophone, dans les espaces qui font l'objet de leurs recherches.