Cet article interprète l’histoire littéraire comme un discours impliqué dans les politiques identitaires des nations. De ce point de vue, l’auteur présente les relations entre l’histoire littéraire nationale et l’histoire littéraire comparée en Slovénie. Sont ainsi mis en lumière l’origine et le développement de ces deux disciplines, en particulier en ce qui concerne leurs fondements idéologiques implicites ou explicites : le nationalisme culturel et le cosmopolitisme. Jusqu’à la fin du xxe siècle, l’histoire littéraire nationale en tant que « grand genre » a intériorisé l’élan du nationalisme culturel du xixe siècle, qui a également marqué l’institutionnalisation de l’historiographie littéraire comme discipline universitaire après 1919. Bien que la littérature comparée ait contré les conceptions nationales apparemment autarciques du développement littéraire et culturel, elle a produit un autre type de « récits maîtres » à travers lesquels elle a affirmé l’identité nationale – en fournissant des documents sur la participation de la littérature slovène aux courants et aux stades de développement « européens généraux ». Dans ce contexte, l’article attire l’attention sur le problème de la tardiveté de ce que l’on appelle les petites littératures, en particulier par rapport au système littéraire mondial. En conclusion, l’article aborde les dilemmes actuels de l’historiographie littéraire en Slovénie, qui sont en partie spécifiques (réticence aux tentatives de « réforme » de la discipline) et en partie liés aux changements de la littérature et des études littéraires à l’ère postmoderne et de la mondialisation.