Après que la révolution bolchevique a éclaté, Ferdynand Ossendowski, un scientifique, aventurier et écrivain polonais, qui vivait dans l’Empire russe, a réussi à fuir le pays et raconter son histoire au monde. Ce récit d’un voyage dangereux à travers l’Asie centrale, intitulé Bêtes, hommes et dieux (conformément à l’original Beasts, Men, and Gods), a été publié à New York grâce à l’aide d’un Américain, Lewis Stanton Palen. Le livre, universellement admiré, a été traduit de l’anglais en plusieurs langues et Ossendowski lui‑même a préparé peu après une version polonaise de la narration. Bien qu’on attribue à Palen seulement le rôle d’un collaborateur, son implication dans le projet semble plus importante qu’on ne l’avait supposé jusqu’à présent. Cet article examine des lettres de Palen à Ossendowski qui n’avaient encore jamais été commentées ainsi que des détails sur leur collaboration plus tardive pour formuler une hypothèse sur la genèse du livre le plus connu d’Ossendowski. Il retrace également la carrière littéraire de Palen qui, à partir de la publication de Bêtes, hommes et dieux, a commencé à collaborer avec d’autres « auteurs‑sources » d’Europe centrale et de l’Est, dont il a rédigé et/ou traduit les récits autobiographiques. Mais alors qu’aucun d’entre eux n’a raconté plus tard cesévénements dans sa propre langue, Ossendowski l’a fait et les différences les plus importantes entre les deux textes sont analysées à la lumière du besoin d’adapter ses expériences personnelles au marché littéraire étranger et à la vision des pays traversés que pouvaient avoir ses futurs lecteurs.