La valorisation en France entre 1945 et 1956 de la musique soviétique s'opère à travers les événements ou les articles de presse consacrés aux virtuoses soviétiques. La musique est valorisée par des arts ou des pratiques connexes, néanmoins parties intégrantes de la musique : l'enseignement soviétique, la danse, le cinéma… La période stalinienne d'après-guerre élargie à l'immédiat après Staline représente l'acmé de la dictature stalinienne et reste encore aujourd'hui la plus mystérieuse de l'histoire soviétique. Cette période correspond par ailleurs, en URSS, à un moment d'exacerbation de la politique culturelle dite du « réalisme socialiste » dans le domaine des arts, et spécialement de la musique. Cela exigeait de l'artiste une représentation véridique, historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire, son devoir étant de participer à la lutte idéologique et à l'éducation des masses dans l'esprit du socialisme. Limiter la question de la réception de la musique soviétique aux réactions et aux discussions que cette musique suscitait dans les revues savantes serait ne pas prendre en compte la manière dont elle a interrogé, en tant que modèle, la sphère de la consommation musicale française en général. Il s'agit ici de ne pas interpréter la réception de la musique soviétique en France à travers celle d'un compositeur ou d'une oeuvre. Les virtuoses sont ainsi valorisés comme des intermédiaires. La force d'un tel travail réside en la masse d'informations recueillies et organisées à partir de toutes les publications nationales assimilées communistes de l'époque, chambres d'écho de ce qui se passait alors en URSS et riches en informations sur les carrières et les représentations des virtuoses.