Grâce aux progrès de la technologie, les archives numériques jouent désormais un rôle important dans la préservation de l’histoire. Les jeux vidéo font également partie de cette sauvegarde. Des archives de jeux vidéo sont créées dans le monde entier pour des intérêts scientifiques, historiques, culturels et techniques. L’objectif de cet article est de construire une réflexion autour des fonctions des jeux vidéo et la possibilité de les considérer comme des archives. Quatre fonctions d’archives et de quatre jeux vidéo (Hell Let Loose, Company of Heroes 2, Kholat et Assassin’s Creed : Origins) contenant des éléments culturels et historiques russes permettront d’éclairer les fonctions de ces jeux vidéo ainsi que les similitudes avec les archives dites « classiques » et d’apporter un nouveau regard sur la valeur culturelle et éducative des jeux vidéo.
Pour réfléchir aux moyens de proposer une nouvelle lecture de l’œuvre de Sorana Gurian (1913-1956), une écrivaine juive d’expression française et roumaine, seront mentionnés dans cet article certains de ses quarante-et-un textes inédits, dont trente-sept poèmes et quatre textes en prose, conservés sous forme de manuscrits ou de tapuscrits. Ces documents n’ont jamais été commentés, ni même mentionnés, dans les recherches sur cette écrivaine jusqu’en décembre 2020. L’exploitation de ce matériau replacé dans le contexte de l’ensemble des écrits de Gurian permet, selon moi, d’enrichir l’interprétation de ses textes principaux : ses esquisses et essais littéraires, pour lesquels je vais utiliser le terme d’« avant-texte », donnent un accès direct au processus créatif, car on y retrouve des éléments qu’elle inclura par la suite dans ses textes publiés. Ainsi, je vais présenter son œuvre littéraire de manière rétrograde, c’est-à-dire par l’intermédiaire des manuscrits et tapuscrits, pour établir l’importance considérable de quelques-uns de ces textes inédits malgré leur caractère secondaire ou officieux, lié à leur statut de brouillon.
Cet article propose d’étudier le manuscrit dessiné du roman inachevé Vadim, que Mikhaïl Lermontov (1814-1841) a composé entre 1832 et 1834. Les archives de Lermontov, comme des témoins matériels de création littéraire, offrent une possibilité d’accéder à l’œuvre sans intermédiaire éditorial. La page entièrement remplie de dessins et de croquis, lesquels peuvent être appelés « paratexte » du manuscrit, accompagne le texte de Vadim et caractérise Lermontov comme imagier du texte. En s’interrogeant sur la façon dont l’auteur dessine un portrait de génération à travers une analyse comparative du texte et de l’image, cet article montre que le paratexte pictural du manuscrit n’illustre pas tant une œuvre concrète, mais le processus de création et les recherches esthétiques de Lermontov.
À travers les films Révolte Russe (2000) d’Alexandre Prochkine et La Fille du Capitaine d’Ekaterina Mixajlova (2005), adaptations du roman du même nom d’Alexandre Pouchkine, cet article a pour objectif de mettre en lumière l’influence des Archives impériales russes sur l’élaboration de ces productions de l’ère post-soviétique. Si de nombreux réalisateurs ont adapté le récit littéraire de Pouchkine, inspiré de faits réels, seule la production datant de 2000 exploite autant les informations issues de l’essai Histoire de Pougatchov, qui a servi de base à la construction du roman. Cette étude tente d’éclaircir le regard que porte le cinéma post-soviétique sur l’histoire de cette révolte, perçue par les Soviétiques comme annonciatrice du soulèvement populaire qui accompagna la révolution de 1917. Elle permet de distinguer le mécanisme de déconstruction de la figure émancipatrice de Pougatchov qui s’opère après la chute de l’Union soviétique, à travers un parallèle avec le film d’animation d’Ekaterina Mixajlova.
Cet article propose de repenser la logique chronologique selon laquelle le conte littéraire serait une évolution naturelle du conte oral et du conte populaire. Concernant les contes littéraires russes publiés au cours de la période romantique, du fait d’un processus d’archivage encore inachevé, l’accès aux contes oraux et populaires était encore inégal pour les écrivains. Le raisonnement selon lequel le conte littéraire s’appuierait nécessairement sur des contes oraux et populaires préalables peut en effet être remis en question. En s’intéressant à la façon dont les auteurs associent leur texte à un document antérieur, cette étude vise à souligner que la présence d’un conte source au sein de plusieurs contes littéraires russes de la période romantique résulte davantage d’une mise en scène de la part des écrivains que d’un réel gage d’authenticité.