Au-delà des steppes de l'Asie centrale


Ego-récits de l’intégration : deux itinéraires de déportés au Kazakhstan soviétique

Isabelle Ohayon.
Deux hommes, déportés au Kazakhstan durant la Seconde Guerre mondiale, rapportent leur expérience respective. En dépit des grandes difficultés qu’ils rencontrent – détention au Goulag, assignation à résidence, stigmatisation administrative, conditions matérielles précaires – ils racontent l’histoire de leur intégration réussie dans la ville de Karaganda. Ces deux itinéraires donnent à voir comment s’agence, dans une ville minière d’Asie centrale, une société soviétique particulière, composée de proscrits et de groupes ethniques différents.

Mirsaid Sultan-Galiev, Essai autobiographique « Qui suis-je ? » : lettre aux membres de la Commission centrale de contrôle avec copie àI. V. Staline et L. D. Trotsky (23/05/1923)

Xavier Hallez.
cet article présente de larges extraits traduits de l’autobiographie de Mirsaid Sultan-Galiev (1892-1940), écrite en détention en 1923. Sultan-Galievfut un des plus connus et des plus influents communistes musulmans de Russie entre 1918 et 1923. Sa disgrâce fut provoquée par son opposition à la politique nationale stalinienne lors du débat sur la future constitution de l’URSS. Il fut accusé d’avoir tenté « de lier tous les nationaux des régions périphériques pour la lutte contre le centre » et d’être un « élément anti-parti et anti-soviétique ». Sultan-Galiev écrivit une longue et originale autobiographie, intitulée « Qui suis-je ? » pour justifier sa position et démontrer son engagement révolutionnaire.Elle est introduite par une lettre adressée à la Commission de contrôle centrale du Parti communiste et à Staline et Trotsky, dans laquelle il analyse la politique nationale soviétique et les raisons de ses désaccords avec la ligne officielle.

Munavvar qori’s “Memoirs”: An Uzbek Confession-Testimony from the Files of the Secret Police

Adeeb Khalid.
cette étude examine les prétendus « Mémoires » de Munavvar qori Abdurashidxon o’g’li (1878-1931), une figure d’importance dans l’histoirepolitique du Turkestan à l’ère révolutionnaire et une des premières victimes de l’OGPU. Le texte autobiographique comprend une série de pokazanija, écrits quand Munavvar qori était en état d’arrestation, et qui racontent ses activités depuis la révolution. L’étude analyse la manière avec laquelle on se présente – soit une combinaison de confession limitée et de démentis vraisemblables – et le langage qu’on y déploie. L’étude offre aussi des extraits du texte en traduction anglaise.

Le prince Babur et le pouvoir des mots

Danièle Auffray.
le Livre de Babur (Bâbur nâme) est un classique dans une aire culturelle allant de l’Ouzbékistan jusqu’à l’Inde. Il s’agit de l’autobiographie du princeBabur, héritier de la grande dynastie de Tamerlan, tombé dans un quasi dénuement mais qui va se ressaisir et fonder un empire qui sera connu comme l’empire Moghol, régnant sur l’Inde depuis le milieu du xvie siècle – jusqu’au milieu du xixe. L’article présente les hypothèses concernant le sens à donner à cette entreprise d’autojustification, y compris une approche du soufisme, la forme mystique de l’Islam en Asie centrale, dont Babur était un adepte.